Perte de plaisir, manque d'envie (anhédonie) : quand la dépression éteint le système nerveux
Introduction : plus de goût à rien
Ce n'est pas tant de la tristesse que vous ressentez, mais un vide. Les activités qui vous passionnaient autrefois vous laissent indifférent. La nourriture n'a plus de saveur, la musique ne vous touche plus, voir vos amis vous demande un effort surhumain. Ce symptôme, l'un des plus déroutants et centraux de la dépression, porte un nom : l'anhédoine. C'est l'incapacité à ressentir du plaisir, de l'intérêt ou de la motivation.
On pense souvent que c'est un état d'esprit, une "décision" de ne plus rien aimer. En réalité, l'anhédonie est une manifestation biologique profonde, le signe d'un système nerveux qui est passé en mode "économie d'énergie" pour survivre.
1. L'anhédonie : un système nerveux en mode "arrêt"
Notre système nerveux autonome (SNA) est conçu pour gérer notre énergie en fonction des menaces et des opportunités. Face à un stress ou un traumatisme perçu comme insoluble et durable, il peut enclencher une réponse de survie ultime : le "shutdown", ou l'arrêt.
1.1. Le "shutdown" neurologique : une stratégie de conservation
Quand le système nerveux perçoit que la lutte ("combat/fuite") est vaine et coûte trop d'énergie, il peut décider de "couper le courant" de toutes les fonctions non essentielles à la survie immédiate. Le but est de conserver le peu d'énergie restante. Malheureusement, le circuit de la récompense, de la motivation et du plaisir (principalement lié à la dopamine) est considéré comme "non essentiel" dans une situation de survie extrême [1]. L'anhédonie n'est donc pas un choix : c'est votre système nerveux qui a "débranché" la prise du plaisir pour économiser sa batterie.
1.2. L'inflammation : le brouillard qui éteint la joie
La recherche moderne montre de plus en plus que la dépression est associée à un état d'inflammation chronique de bas grade dans le cerveau. Un système nerveux dérégulé, constamment en alerte, favorise cette neuro-inflammation. Ces molécules inflammatoires (les cytokines) ont un impact direct sur la production et la transmission des neurotransmetteurs comme la dopamine et la sérotonine. Elles créent une sorte de "brouillard" chimique qui empêche les circuits du plaisir et de la motivation de fonctionner correctement [2, 3].
Conclusion : comment "rallumer" le système ?
Comprendre l'anhédonie comme un état de "shutdown" biologique est fondamental. Il ne sert à rien de "se forcer" à aimer les choses à nouveau. C'est aussi inefficace que d'essayer d'allumer une lampe dont la prise est débranchée. La première étape est de signaler au système nerveux que le danger est écarté et qu'il peut, en toute sécurité, recommencer à allouer de l'énergie aux fonctions du plaisir et de l'engagement dans la vie.
C'est là que le Biofeedback TNS (Training Neuro Sensoriel) propose une approche de fond. Cette méthode de rééducation neurosensorielle, issue des travaux de Georges Quertant, s'adresse aux centres de régulation du système nerveux pour les aider à sortir de cet état de conservation.
Le processus est passif et agit en douceur :
1. Le Bilan : À l'aide des diploscopes, des appareils optiques de précision, un bilan fonctionnel objective l'état d'épuisement et de "figement" de votre système nerveux à travers votre perception visuelle.
2. La Rééducation : En observant passivement des images-tests, votre cerveau reçoit un feedback sur son propre dysfonctionnement. Par un mécanisme de neuroplasticité, il va chercher à s'autoréguler spontanément pour retrouver son équilibre.
En aidant le système nerveux à sortir de son mode "arrêt" et à réduire l'inflammation chronique, le Biofeedback TNS permet de créer les conditions biologiques pour que les circuits de la récompense et de la motivation puissent se réactiver. La "flamme" n'est pas forcée, mais l'environnement interne est créé pour qu'elle puisse se rallumer d'elle-même, permettant un retour progressif de l'envie, de l'intérêt et du plaisir de vivre.
Références
[1] Le Manuel MSD. Troubles dépressifs. Disponible sur : https://www.msdmanuals.com/fr/accueil/troubles-psychiatriques/troubles-de-l-humeur/troubles-d%C3%A9pressifs
[2] INSERM. Dépression, une maladie qui se soigne. Disponible sur : https://www.inserm.fr/dossier/depression/
[3] Cerveau & Psycho. (2017, 19 décembre). La dépression, une maladie inflammatoire ?. Disponible sur : https://www.cerveauetpsycho.fr/sd/neurobiologie/la-depression-une-maladie-inflammatoire-12104.php