TDAH et hypersensibilité : quand le monde est trop bruyant

Introduction : plus qu'un simple trouble de l'attention

Le Trouble du Déficit de l'Attention avec ou sans Hyperactivité (TDAH) est souvent réduit à ses symptômes les plus visibles : l'inattention, l'agitation, l'impulsivité. Pourtant, pour de nombreuses personnes concernées, le défi le plus épuisant au quotidien est ailleurs. Il réside dans une hypersensibilité constante au monde : une étiquette de vêtement qui irrite, un bruit de fond insupportable, une lumière trop vive, ou une vague d'émotion qui submerge sans crier gare.

Cette sensibilité exacerbée n'est pas un trait de caractère ou un "caprice". C'est une composante neurologique fondamentale du TDAH, directement liée à un système nerveux qui peine à filtrer et à réguler les informations qu'il reçoit.

1. Le TDAH : un cerveau sans filtre, un système nerveux en alerte

Le cerveau d'une personne avec un TDAH ne manque pas d'attention, il en a "trop". Il capte une quantité phénoménale de stimuli simultanément, sans parvenir à les hiérarchiser. L'origine de ce phénomène est un système nerveux autonome (SNA) qui fonctionne différemment, souvent avec une tendance à l'hyperactivité sympathique, le maintenant dans un état d'alerte quasi permanent.

1.1. L'hypersensibilité sensorielle : quand tout arrive trop fort

Un système nerveux en état de vigilance constante est un système dont les "portes sensorielles" sont grandes ouvertes. Il ne filtre plus les informations non pertinentes.

• Auditive : Le bruit du frigo, une conversation lointaine, le tic-tac d'une horloge... tout est perçu au même niveau d'intensité, créant une cacophonie mentale épuisante.

• Tactile : La texture d'un tissu, une couture, une étiquette peuvent être perçues comme une agression par un système nerveux sur la défensive.

• Visuelle : Une lumière trop intense, des couleurs vives ou un environnement visuellement chargé peuvent rapidement mener à une surcharge et à un besoin de se retirer [1, 2].

1.2. La dysrégulation émotionnelle : des émotions à fleur de peau

Cette incapacité à filtrer s'applique aussi aux émotions. Le cerveau d'une personne avec un TDAH a du mal à moduler l'intensité des affects. Une petite frustration peut devenir une colère immense, une joie peut être exubérante, une tristesse peut sembler un abîme. Ce n'est pas un manque de contrôle, mais une conséquence directe de la surcharge : un système déjà bombardé d'informations sensorielles n'a plus les ressources nécessaires pour gérer l'intensité d'une émotion. De plus, l'hypervigilance pousse à "sur-réagir" aux signaux sociaux et émotionnels des autres [3].

Conclusion : apprendre au cerveau à "baisser le volume"

Vivre avec cette hypersensibilité est épuisant. La stratégie n'est pas de "s'endurcir", mais d'aider le système nerveux à développer sa capacité de régulation et de filtration pour que le monde devienne moins agressif.

C'est précisément l'objectif du Biofeedback TNS (Training Neuro Sensoriel). Cette méthode de rééducation neurosensorielle, basée sur les travaux de Georges Quertant, s'adresse à la mécanique profonde du système nerveux autonome.

Le processus est passif et agit à la source du problème :

1. Le Bilan : À l'aide des diploscopes, des appareils optiques de précision, un bilan fonctionnel mesure l'impact du dérèglement nerveux sur votre perception visuelle, offrant un reflet objectif de votre état de surcharge.

2. La Rééducation : L'entraînement consiste à observer passivement des images-tests. En étant confronté à sa propre erreur de perception, le cerveau, par neuroplasticité, va chercher à s'autoréguler spontanément.

En restaurant un meilleur équilibre du système nerveux, le Biofeedback TNS aide à "baisser le volume" général. Il ne guérit pas le TDAH, mais il donne au cerveau les outils pour mieux moduler les informations sensorielles et émotionnelles. Le monde extérieur devient moins agressif, les émotions sont plus gérables, et l'énergie mentale, auparavant gaspillée à "survivre" au bombardement sensoriel, redevient disponible pour l'attention, la concentration et l'action.

Références

[1] Fédération Suisse des Psychologues. TDAH : Mieux comprendre pour mieux accompagner. Disponible sur : https://www.psychologie.ch/tdah-mieux-comprendre-pour-mieux-accompagner

[2] Le Manuel MSD. Trouble du déficit de l’attention/hyperactivité (TDAH). Disponible sur : https://www.msdmanuals.com/fr/accueil/troubles-du-cerveau,-de-la-moelle-%C3%A9pini%C3%A8re-et-des-nerfs/troubles-mentaux/trouble-du-d%C3%A9ficit-de-l-attention-hyperactivit%C3%A9-tdah

[3] Cerveau & Psycho. (2019, 26 novembre). TDAH : le trouble de ceux qui ne tiennent pas en place. Disponible sur : https://www.cerveauetpsycho.fr/sd/psychiatrie/tdah-le-trouble-de-ceux-qui-ne-tiennent-pas-en-place-17560.php