Quand le TDAH commence hors du cerveau
Une autre lecture du trouble de l’attention chez l’enfant, par le prisme du système nerveux
Et si le TDAH n’était pas seulement une affaire de cerveau hyperactif ?
Et si ce trouble, qu’on associe si souvent à l’inattention, l’impulsivité ou la bougeotte, prenait racine bien plus profondément, dans un système nerveux qui peine à retrouver le calme… même au repos ?
Aujourd’hui, de nouvelles recherches nous invitent à déplacer notre regard. Et ce déplacement, il commence dans le ventre, traverse le cœur, pour finir dans la tête.
Une nouvelle piste : quand le déséquilibre commence avant la pensée
Une récente méta-analyse* s’est penchée sur le lien entre TDAH chez l’enfant et fonctionnement du système nerveux autonome, ce grand chef d’orchestre en coulisses qui régule le rythme cardiaque, la digestion, le stress ou encore le sommeil.
Ce qu’elle met en lumière : de nombreux enfants avec TDAH présentent un déséquilibre marqué entre les branches sympathique (liée à l’action, l’alerte) et parasympathique (liée à l’apaisement, la récupération).
Même au repos, leur système reste en état de veille. Comme s’ils vivaient dans un monde où rien ne s’arrête jamais vraiment.
Ce que cela change dans notre regard
Plutôt que de voir un “enfant agité”, on découvre un enfant dont le corps ne sait pas se poser.
Plutôt que de parler de manque de concentration, on observe un système nerveux qui reçoit trop d’informations, trop vite, sans filtre, sans pause.
Et c’est là que la boucle intestin-cœur-cerveau devient cruciale.
Le rôle oublié du microbiote et du nerf vague
Le microbiote intestinal, ces milliards de bactéries qui vivent dans notre ventre, influence directement notre cerveau via un canal très particulier : le nerf vague. Ce nerf transmet en temps réel l’état du corps au cerveau, et inversement.
Chez les enfants TDAH, on observe souvent :
un microbiote appauvri (moins de diversité bactérienne),
des troubles digestifs précoces,
une faible variabilité du rythme cardiaque (HRV), signe d’un système nerveux peu adaptable.
Autrement dit, un terrain inflammatoire, réactif, souvent invisible à l’œil nu, mais bien réel.
Comment cela se manifeste au quotidien ?
Tu reconnaîtras peut-être ton enfant dans certaines de ces situations :
Il met beaucoup de temps à se calmer après un stress.
Il se plaint souvent de maux de ventre ou digère mal.
Il est sensible aux bruits, aux étiquettes, à la lumière.
Il a du mal à s’endormir, ou se réveille en sursaut.
Ces signes ne sont pas “dans sa tête”. Ils sont les signaux d’un corps qui lutte pour réguler.
Que faire avec ça ? Des pistes concrètes et douces
Observer le corps plutôt que le comportement
Comment va-t-il après un moment stressant ? Comment est son sommeil, sa digestion, sa peau ?
Noter les liens, les régularités.
Améliorer le terrain sans surcharger
– Une alimentation simple, riche en fibres et en couleurs
– Des probiotiques naturels (ferments, légumes lactofermentés)
– Des temps de déconnexion sensorielle réguliers (balade, contact nature, silence)
Apaiser le système nerveux en profondeur
– Respiration abdominale, jeux de souffle
– Bain tiède, bercement lent, cohérence cardiaque
– Biofeedback ou TNS pour aider le corps à retrouver ses repères
Et si on regardait autrement ?
Le TDAH n’est pas une erreur de la nature. C’est une autre façon d’être au monde.
Mais cette façon-là a besoin d’être accompagnée dans le corps, dans les rythmes, dans la sécurité intérieure.
Quand on commence à observer le système nerveux dans son ensemble, on cesse de juger les comportements. On apprend à écouter ce qu’ils veulent dire.
Et là… quelque chose peut vraiment changer.
Et si c’était le bon moment pour explorer autrement ?
Dans notre approche, nous travaillons avec le système nerveux dans sa globalité, en écoutant ce que le corps raconte, au-delà des comportements.
Si ce que tu viens de lire fait écho à ce que vit ton enfant, tu peux nous écrire quelques lignes. Nous prendrons le temps de lire, et de voir ensemble si notre méthode pourrait vous être utile.
Sources et inspirations
– Beauchaine, T. P., et al. (2022). “Autonomic Nervous System Functioning in Children with ADHD: A Meta-Analysis.” Clinical Psychology Review, 98, 102210.
→ Cette méta-analyse montre une régulation atypique du système nerveux autonome chez les enfants avec TDAH, notamment une faible variabilité du rythme cardiaque.
– Cryan, J. F., et al. (2019). “The Microbiota–Gut–Brain Axis.” Physiological Reviews, 99(4), 1877–2013.
→ Une revue approfondie sur les liens entre le microbiote intestinal, les émotions et le fonctionnement cérébral via le nerf vague.
– Porges, S. W. (2011). The Polyvagal Theory: Neurophysiological Foundations of Emotions, Attachment, Communication, and Self-regulation.
→ Un ouvrage fondateur pour comprendre le rôle du nerf vague dans la régulation du stress et du lien social.
– Mayer, E. A. (2016). The Mind-Gut Connection. Harper Wave.
→ Vulgarisation très accessible sur l’impact de l’intestin sur les émotions et le comportement.