Pourquoi tant de stress en ce moment ?

Quand le système nerveux traverse ses propres saisons

Ces dernières semaines, un phénomène se répand sans que beaucoup ne sachent exactement pourquoi : une sensation de tension diffuse, de fatigue exacerbée, un sommeil plus fragile, et un état émotionnel parfois plus intense ou instable. Ce ressenti n’est ni imaginaire ni exagéré. Il est le reflet d’une réalité biologique précise, inscrite dans le fonctionnement même de notre système nerveux autonome.

1. Le système nerveux autonome : chef d’orchestre invisible

Notre système nerveux autonome (SNA) régule en permanence une multitude de fonctions corporelles essentielles, sans intervention consciente : rythme cardiaque, respiration, digestion, régulation hormonale, température corporelle, sommeil…
Il s’appuie sur deux branches complémentaires et souvent opposées :

  • Le système sympathique, responsable de la mobilisation rapide face à un danger (réaction de fuite ou combat).

  • Le système parasympathique, chargé du retour au calme, de la réparation et de la régénération.

Cette dynamique entre activation et récupération permet à l’organisme de s’adapter en permanence à son environnement.

2. L’axe du stress : cortisol et système nerveux

Sous l’effet d’un stress réel ou perçu, l’axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien (HPA) s’active, libérant du cortisol, l’hormone du stress. Le cortisol augmente la vigilance, prépare le corps à l’action, mais en excès, il perturbe le sommeil, fragilise le système immunitaire, et amplifie l’anxiété.

Or, en période de chaleur prolongée, de surcharge sensorielle (bruits, lumière, écrans), et d’un rythme de vie soutenu (fin de trimestre, obligations accumulées), cet axe HPA est souvent en état d’alerte prolongée. L’organisme est alors dans un mode “alerte continue”, difficile à désactiver.

3. Le rôle central du nerf vague

Le nerf vague, branche majeure du système parasympathique, est la voie par laquelle le cerveau influence directement les organes internes : cœur, poumons, système digestif.

  • Il régule le ralentissement du cœur, la relaxation musculaire, la digestion et même la réponse inflammatoire.

  • Lorsque la pression du stress est trop forte ou prolongée, la modulation vagale est altérée : le nerf vague est moins actif, ce qui empêche un retour au calme naturel.

Cette baisse d’activité vagale est associée à des troubles variés : troubles du sommeil, digestion perturbée, sensation d’angoisse, fatigue chronique.

4. Une influence collective à ne pas sous-estimer

Ce qui est intéressant, c’est que cette « surcharge » n’est pas seulement individuelle. Quand beaucoup vivent cette tension interne, cela crée un climat social plus anxiogène, où la régulation émotionnelle est plus difficile, les relations plus tendues, et le stress collectif amplifié.

Nous sommes des êtres sociaux, et nos systèmes nerveux s’influencent mutuellement, parfois sans que nous en ayons conscience.

5. Que faire face à ce contexte ?

Pour rétablir l’équilibre, il faut d’abord reconnaître ces signes comme une réponse adaptative, non une faiblesse. Plusieurs leviers sont disponibles pour soutenir la modulation vagale et la récupération du système nerveux :

  • Respiration lente et consciente : stimuler le nerf vague via des exercices de respiration abdominale profonde, ralentissant le rythme cardiaque et apaisant l’esprit.

  • Exposition contrôlée au froid : un contact bref avec de l’eau froide sur le visage ou la nuque active une réponse parasympathique.

  • Pause sensorielle : réduire les stimulations visuelles et sonores pour permettre au système nerveux de « souffler ».

  • Activité physique douce et régulière : yoga, marche, étirements favorisent la modulation vagale.

  • Présence attentive : moments de calme partagés, silence, méditation… tout ce qui favorise un retour au corps et à ses sensations.

6. Le Biofeedback TNS : une aide précieuse

Le Biofeedback TNS permet d’évaluer finement l’équilibre entre l’activation du système nerveux sympathique et la modulation parasympathique, notamment via le nerf vague.

Cette approche précise permet d’orienter et d’adapter des exercices ciblés pour accompagner un retour naturel à l’équilibre du système nerveux. Méthode douce et non invasive, elle replace la personne dans une dynamique d’écoute fine de son corps, loin des jugements et des simplifications.

Conclusion

Le stress accru ressenti en ce moment n’est pas qu’une impression passagère. Il traduit une adaptation complexe de notre système nerveux aux conditions environnementales, sociales et internes.

Comprendre ces mécanismes, et surtout, agir avec bienveillance sur son propre système nerveux, permet de retrouver une stabilité, et d’aborder ces « saisons » avec plus de ressources et de sérénité.

Références scientifiques

  • Thayer, J.F., & Sternberg, E. (2006). Beyond heart rate variability: vagal regulation of allostatic systems. Annals of the New York Academy of Sciences, 1088, 361-372.

  • Porges, S.W. (2011). The polyvagal theory: neurophysiological foundations of emotions, attachment, communication, and self-regulation. Norton Series on Interpersonal Neurobiology.

  • McEwen, B.S. (2007). Physiology and neurobiology of stress and adaptation: central role of the brain. Physiological reviews, 87(3), 873-904.

  • Laborde, S., Mosley, E., & Thayer, J.F. (2017). Heart rate variability and cardiac vagal tone in psychophysiological research – recommendations for experiment planning, data analysis, and data reporting. Frontiers in Psychology, 8, 213.

  • Gill, J.M., & Shin, L.M. (2011). Neurobiology of stress and PTSD. In J.M. Gill (Ed.), Neurobiology of PTSD (pp. 1–22). Springer.

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