Bruxisme : et si votre mâchoire était le miroir de votre stress ?
Introduction : une tension qui ne se relâche jamais
Le bruxisme, cet acte involontaire de serrer ou de grincer des dents, est bien plus qu'une simple mauvaise habitude. Qu'il se manifeste durant le sommeil (bruxisme nocturne) ou en journée (bruxisme diurne), il est le signe d'une tension interne qui ne parvient pas à s'évacuer. Les conséquences peuvent être multiples et douloureuses : usure prématurée des dents, douleurs à la mâchoire (ATM), maux de tête au réveil, tensions dans le cou et les épaules.
Souvent, on cherche des solutions locales : gouttières dentaires, injections, ostéopathie... Ces approches sont utiles pour gérer les symptômes, mais elles s'attaquent rarement à la cause première. Car le bruxisme n'est pas un problème dentaire, c'est un trouble neuro-musculaire dont l'origine se trouve dans un système nerveux en état d'hyperactivité.
1. Le bruxisme : l'expression physique d'un système nerveux en alerte
Pour comprendre le bruxisme, il faut s'intéresser au chef d'orchestre de nos fonctions involontaires : le système nerveux autonome (SNA). Il est composé de deux branches aux effets opposés :
Le système sympathique (l'accélérateur) : Il nous prépare à l'action et au stress. Sa devise : "serrer les dents et tenir bon".
Le système parasympathique (le frein) : Il favorise la détente, le relâchement musculaire et la récupération.
Chez une personne souffrant de bruxisme, l'accélérateur est bloqué en position "ON". Le corps est dans un état de stress et d'hypervigilance chronique, même pendant le sommeil.
1.1. La commande cérébrale du serrement de dents
Lorsque le système sympathique domine, le cerveau envoie des signaux de "préparation au combat" à l'ensemble du corps. L'un des réflexes les plus archaïques face à une menace ou une frustration est de contracter les muscles masticateurs, les plus puissants du corps humain. Le bruxisme est donc une activité motrice involontaire, initiée par le système nerveux central en réponse à un état de stress, d'anxiété ou de contrariété non évacuée [1, 2].
1.2. Le bruxisme du sommeil : un cerveau qui ne déconnecte pas
Durant un sommeil normal, le système parasympathique prend le relais, le tonus musculaire diminue, et le corps se relâche. Mais chez la personne bruxomane, le système sympathique reste anormalement actif. Le sommeil est plus léger, fragmenté par des micro-éveils, et le cerveau continue d'envoyer des commandes motrices aux muscles de la mâchoire. Le grincement de dents est souvent le signe que le système nerveux n'arrive pas à basculer en mode "récupération" [3].
1.3. Des conséquences en chaîne : douleurs et tensions
La contraction permanente des muscles de la mâchoire ne reste pas localisée. Elle crée des points de tension (points gâchettes) qui peuvent provoquer :
Des douleurs irradiant vers l'oreille, les tempes et le front (céphalées de tension).
Des contractures dans les muscles du cou (cervicales) et des épaules.
Des acouphènes ou des sensations de vertige liés à la tension excessive autour de l'articulation temporo-mandibulaire (ATM) [4].
Conclusion : réapprendre au système nerveux à relâcher la pression
Comprendre que le bruxisme est le symptôme d'un système nerveux "verrouillé" en mode tension change toute la perspective. La gouttière protège les dents, mais elle n'empêche pas le système nerveux d'envoyer l'ordre de serrer. Pour une solution de fond, il faut rééduquer le pilote automatique du corps.
C'est là toute la pertinence du Biofeedback TNS (Training Neuro Sensoriel). Cette méthode de rééducation neurosensorielle, développée par Georges Quertant, ne se focalise pas sur la mâchoire, mais sur les centres de régulation du système nerveux central qui sont à l'origine de la commande.
Le processus est passif et non-invasif :
1. Le Bilan : À l'aide des diploscopes (appareils optiques de précision), un bilan fonctionnel évalue comment votre dérèglement nerveux affecte votre perception visuelle. La façon dont vous percevez des images-tests donne une mesure objective de votre état de tension interne.
2. La Rééducation : L'entraînement consiste simplement à observer ces images. En étant confronté à sa propre erreur de perception, votre cerveau va chercher spontanément et sans effort conscient à s'autoréguler pour retrouver une vision correcte.
Ce travail de neuroplasticité, en apparence visuel, est en réalité une reprogrammation profonde du système nerveux autonome. En apprenant à votre cerveau à quitter le mode "alerte" pour revenir à un état de calme (homéostasie), le Biofeedback TNS permet de diminuer le niveau de tension général du corps. La commande de serrer les dents perd alors sa raison d'être, permettant un relâchement durable de la mâchoire et un apaisement des douleurs associées.
Références
[1] Le Manuel MSD. Bruxisme. Disponible sur : https://www.msdmanuals.com/fr/accueil/troubles-bucco-dentaires/sympt%C3%B4mes-des-troubles-bucco-dentaires-et-maxillo-faciaux/bruxisme )
[2] L'assurance Maladie (Ameli.fr). Bruxisme : le grincement ou serrement des dents. Disponible sur : https://www.ameli.fr/assure/sante/themes/bruxisme-grincement-serrement-dents/definition-causes-symptomes
[3] Institut National du Sommeil et de la Vigilance (INSV). Le bruxisme nocturne. Disponible sur : https://institut-sommeil-vigilance.org/le-bruxisme-nocturne/
[4] La Voix du Nord. (2024, 18 janvier). Comment savoir si l’on souffre de bruxisme et comment y remédier ?. Disponible sur : https://www.lavoixdunord.fr/1420211/article/2024-01-18/comment-savoir-si-l-souffre-de-bruxisme-et-comment-y-remedier