Troubles auto-immuns et système nerveux dérégulé : comprendre la connexion et agir
Introduction : quand le corps s'attaque à lui-même, sous l'influence du système nerveux
Les maladies auto-immunes sont des affections complexes où le système immunitaire, censé protéger l'organisme contre les envahisseurs externes, se dérègle et attaque par erreur ses propres tissus. Ces maladies, qui incluent la sclérose en plaques, le lupus, la polyarthrite rhumatoïde, le syndrome de Sjögren, et bien d'autres, peuvent affecter n'importe quelle partie du corps et entraîner une inflammation chronique, des douleurs, de la fatigue et des dommages tissulaires. Longtemps considérées comme des problèmes purement immunologiques, les recherches récentes mettent en lumière un acteur crucial dans leur développement et leur progression : le système nerveux, et plus particulièrement son dérèglement.
Cet article explore le lien profond entre les troubles auto-immuns et un système nerveux dérégulé. Nous examinerons comment un déséquilibre du système nerveux autonome (SNA) peut influencer la réponse immunitaire, exacerber l'inflammation et contribuer à la persistance des symptômes auto-immuns. Comprendre cette connexion est essentiel pour une prise en charge plus intégrée et pour offrir de nouvelles perspectives aux personnes vivant avec une maladie auto-immune.
1. Le système nerveux et la régulation immunitaire : une interaction complexe
Le système nerveux et le système immunitaire, autrefois considérés comme des entités distinctes, sont en réalité intimement liés et communiquent constamment. Cette interaction est cruciale pour maintenir l'homéostasie et réguler la réponse inflammatoire. Un dérèglement de cette communication peut avoir des conséquences profondes, notamment dans le développement et la progression des maladies auto-immunes [1].
1.1. Le système nerveux autonome (SNA) et l'immunité
Le système nerveux autonome (SNA), avec ses branches sympathique (SNS) et parasympathique (SNP), joue un rôle majeur dans la modulation de la réponse immunitaire. Le SNS, activé en cas de stress, peut initialement stimuler l'immunité pour faire face à une menace perçue. Cependant, une activation chronique du SNS, souvent observée dans le stress prolongé, peut entraîner une suppression immunitaire ou, paradoxalement, une exacerbation de l'inflammation, contribuant ainsi aux maladies auto-immunes [2].
Le SNP, et en particulier le nerf vague, est un régulateur puissant de l'inflammation. Le nerf vague peut inhiber la production de cytokines pro-inflammatoires (molécules qui favorisent l'inflammation) et stimuler la production de cytokines anti-inflammatoires. Une faible activité vagale ou un dérèglement du nerf vague est donc associé à une inflammation chronique et à une susceptibilité accrue aux maladies auto-immunes [3].
1.2. Neuro-inflammation et auto-immunité
Dans de nombreuses maladies auto-immunes, on observe une neuro-inflammation, c'est-à-dire une inflammation du système nerveux. Cette inflammation peut être à la fois une cause et une conséquence de la maladie. Par exemple, dans la sclérose en plaques, le système immunitaire attaque la myéline (la gaine protectrice des nerfs) dans le système nerveux central, entraînant une inflammation et des lésions neurologiques. Cette neuro-inflammation peut à son tour perturber le fonctionnement du SNA, créant un cercle vicieux [4].
De plus, le stress chronique, en dérégulant le SNA et l'axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien (HHS), peut favoriser un état inflammatoire généralisé qui exacerbe les réactions auto-immunes. Les hormones de stress, comme le cortisol, peuvent initialement avoir un effet anti-inflammatoire, mais une exposition prolongée peut entraîner une résistance au cortisol et une augmentation de l'inflammation [5].
1.3. L'axe intestin-cerveau et l'auto-immunité
L'axe intestin-cerveau, une connexion bidirectionnelle entre le système nerveux central et le système digestif, joue également un rôle crucial dans l'auto-immunité. Le microbiote intestinal, l'ensemble des micro-organismes vivant dans notre intestin, influence fortement le système immunitaire. Un déséquilibre du microbiote (dysbiose) peut entraîner une augmentation de la perméabilité intestinale (syndrome de l'intestin perméable), permettant aux toxines et aux antigènes de passer dans la circulation sanguine et de déclencher une réponse immunitaire inappropriée, contribuant ainsi aux maladies auto-immunes [6].
Le nerf vague est un acteur clé de cet axe, régulant la motilité intestinale, la sécrétion d'enzymes digestives et la communication entre le cerveau et le microbiote. Un dérèglement du nerf vague peut donc perturber la santé intestinale et, par extension, la régulation immunitaire, favorisant l'auto-immunité [7].
Conclusion : restaurer l'équilibre nerveux pour une meilleure gestion des troubles auto-immuns
Les troubles auto-immuns sont des maladies complexes où le système nerveux, en particulier le système nerveux autonome, joue un rôle central. Le dérèglement de la communication entre le système nerveux et le système immunitaire, la neuro-inflammation et le déséquilibre de l'axe intestin-cerveau contribuent à la persistance de l'inflammation et à l'attaque des propres tissus de l'organisme. Comprendre que les maladies auto-immunes sont en grande partie le reflet d'un dérèglement nerveux est essentiel pour une prise en charge plus intégrée et pour améliorer la qualité de vie des personnes atteintes.
La bonne nouvelle est que le système nerveux est plastique et capable d'apprendre à se réguler à nouveau. Des approches ciblées qui visent à restaurer l'équilibre du SNA sont indispensables pour aider les personnes atteintes de troubles auto-immuns. Parmi elles, le Biofeedback TNS (Training Neuro Sensoriel) se présente comme une méthode innovante et puissante. En offrant un retour d'information en temps réel sur l'activité physiologique, le Biofeedback TNS permet aux individus de rééduquer leur système nerveux, de renforcer leur nerf vague et de retrouver une capacité naturelle à gérer le stress, à moduler la réponse inflammatoire et à améliorer la régulation immunitaire. En s'attaquant à la racine du problème, le dérèglement nerveux, il est possible de briser le cycle de l'auto-immunité et de retrouver un sentiment de contrôle et de bien-être. C'est une invitation à écouter les signaux de votre corps et à lui offrir les outils pour se rééquilibrer en profondeur.
Références
[1] CHUSJ. (2025, 5 mars). Clinique des maladies neuro-inflammatoires. Disponible sur : https://www.chusj.org/soins-services/N/Neuro-inflammatoires
[2] MSD Manuals. Présentation du système nerveux autonome. Disponible sur : https://www.msdmanuals.com/fr/accueil/troubles-du-cerveau-de-la-moelle-%C3%A9pini%C3%A8re-et-des-nerfs/troubles-du-syst%C3%A8me-nerveux-autonome/pr%C3%A9sentation-du-syst%C3%A8me-nerveux-autonome
[3] Inserm.fr. (2017, 23 juin). Sclérose en plaques (SEP). Disponible sur : https://www.inserm.fr/dossier/sclerose-en-plaques-sep/
[4] Servier. (2022, 20 mai). Comprendre le syndrome de Sjögren, maladie auto-immune. Disponible sur : https://servier.com/newsroom/dossiers/comprendre-le-syndrome-de-sjogren-maladie-auto-immune/
[5] Fondation Fondamental. (2019, 17 juillet). Traiter l'inflammation chronique pourrait soigner les maladies psychiatriques. Disponible sur : https://www.fondation-fondamental.org/traiter-linflammation-chronique-pourrait-soigner-les-maladies-psychiatriques
[6] Inserm.fr. (2023, 17 novembre). Maladies auto-immunes. Disponible sur : https://www.inserm.fr/dossier/maladies-auto-immunes/
[7] CHU Lyon. Centre de référence des syndromes neurologiques paranéoplasiques et encéphalites auto-immunes. Disponible sur : https://www.chu-lyon.fr/centre-de-reference-des-syndromes-neurologiques-paraneoplasiques-et-encephalites-auto-immunes